Pluton et les Anciens Astronautes...

Depuis quelques temps, je m'amuse à revoir des "documentaires" ayant pour objet l'ufologie et en particulier son incarnation la plus, hélas, répandue en ce bas monde, la fameuse théorie - qui n'en est pas une quand on prend le bon sens du terme - dite des Anciens Astronautes. 

Du fait que, par définition, les extraterrestres viennent de l'espace, l'astronomie tient une place importante dans les arguments des croyants de cette idée quelque peu farfelue. Ainsi, nombre de représentations et d'interprétations sont brandies depuis plusieurs décennies comme des preuves irréfutables d'un savoir transmis par nos voisins galactiques. Et au milieu de tout ça, on trouve un astre qui nous intéresse particulièrement tant il déchaine passions et étonnements depuis près d'un siècle : Pluton


Dans un souci de faire simple, nous allons exposer les choses dans l'ordre chronologique. 


Pluton, de la découverte à l'essor du néo-évhémérisme (1930-1980)

Commençons par un petit rappel des faits historiques. Les anciens astronomes de toutes les civilisations - du moins celles qui trouvaient un intérêt à lever les yeux au ciel la nuit - connaissaient cinq astres parmi ce que l'on appelle aujourd'hui "planètes". Ces cinq astres sont Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, que les Hommes des temps anciens voyaient se déplacer chacun à son rythme sur le fond des étoiles fixes. À ce groupe s'adjoignaient également parfois le Soleil et la Lune. Aucune autre planète ne figure dans les connaissances de ces peuples (ça aura son importance plus tard dans cet article). 

Alors que le Système solaire semblait immuable depuis de nombreux siècles, deux nouvelles planètes, invisibles à l'œil nu et donc inconnues des cultures de jadis, furent cependant découvertes : Uranus en 1781 et Neptune en 1846. Enfin, bien plus récemment, alors qu'un jeune astronome d'un observatoire de l'Arizona cherchait la trace d'une mystérieuse planète dont l'existence avait été prédite par le calcul, Pluton est mise au jour en 1930. Très vite, on se rend compte que le nouvel astre est bien trop peu massif pour être l'objet recherché mais en l'état dans la connaissance qu'on en a à l'époque, il est bien évidemment considéré comme une planète supplémentaire. Le Système solaire comptera dès lors neuf planètes. 

Les images de la découverte de Pluton en 1930 par Clyde Tombaugh (1906-1997).

Le Système solaire dans sa configuration familière avec les neuf planètes, ici dans un livre de 1936.


Malgré son caractère de planète et la volonté d'essayer d'en apprendre des choses, Pluton s'avère immédiatement extrêmement frustrante. En effet, du fait de sa taille et de son éloignement, contrairement à ses voisines géantes qui apparaissaient déjà très distinctement comme des disques avec les instruments du milieu du XIXe siècle, Pluton, elle, ne se présente que comme un simple point qui bouge lentement au milieu des étoiles. Les estimations de sa taille vont varier au cours des premières décennies et l'on obtient qu'à grand peine que quelques maigres informations. Toutefois, Pluton se montre très vite radicalement différente (point n'est besoin d'aller loin, vous trouverez ça dans tous les dictionnaires antérieurs 2006) : 
  • Les planètes sont soit rocheuses (Mercure, Vénus, la Terre et Mars), soit gazeuses (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune). Pluton est elle un petit monde de glace.

  • Les planètes tournent autour du Soleil en décrivant des orbites quasiment circulaires. Celle de Pluton est nettement plus elliptique.

  • Les planètes tournent toutes à peu près dans le même plan (l'écliptique). Sauf Pluton qui présente une inclinaison de 17° par rapport à ce plan.

  • Les planètes pour la plupart ont des variations peu importantes de leur distance au Soleil entre l'aphélie et le périhélie. Pluton, elle, passe de 4,4 à 7,4 milliards de kilomètres au cours des 248 ans qu'elle met pour faire sa révolution. En outre, son orbite l'amène à être pendant une période de vingt ans plus près du Soleil que Neptune.
Tout cela fait naitre dès l'origine le mystère et la controverse sur la nature exacte de Pluton, certains astronomes estimant très tôt qu'il ne s'agit pas d'une planète mais d'une grosse comète ou d'un astéroïde de passage, voire d'un ancien satellite de Neptune. Malgré tout, cela ne reste que des débats d'experts qui ne sortaient pas de la communauté scientifique et pour le reste du monde, qu'ils soient observateurs amateurs ou gens qui se contentent de ce qu'ils ont appris à l'école parce que le ciel leur importe peu, Pluton restait la neuvième planète. Pour tout le monde et nécessairement les ufologues et autres complotistes...
 


Pluton dans la théorie des Anciens Astronautes

Dans les années 1960, la mythologie ufologique se voit dotée d'un grand pilier : la théorie des Anciens Astronautes (dont j'ai déjà parlé ici, d'abord développée par les auteur français Bergier, Pauwels et Charroux puis popularisée par le fameux Erich von Daniken avec son classique de 1968 Chariots of the Gods ?). Comme j'en ai déjà abondamment parlé dans un article précédent (ici), je rappellerai simplement avant d'aller plus loin dans mon propos que cette croyance soutient que des extraterrestres - de pleins de sortes différentes manifestement - sont venus sur notre bonne vieille Terre dans des temps plus ou moins anciens et ont apporté aux humains la civilisation, la science, l'esprit, l'agriculture, les mathématiques, les chips de crevettes et à peu près tout ce qui semble exister sur cette planète. Les anciens peuples n'auraient pas compris ce qu'ils avaient devant les yeux et auraient considéré les créatures comme des dieux (parce que oui, cette thèse des Anciens Astronautes est aussi profondément raciste et véhicule des stéréotypes dignes de la colonisation). Mieux encore, d'après ses partisans les plus imaginatifs, les extraterrestres nous auraient même créés à leur image et nous auraient donnés des commandements à suivre (si ça vous rappelle quelque chose, c'est normal puisque le néo-évhémérisme - le nom technique de la croyance des Anciens Astronautes donné par le sociologue français Jean-Bruno Renard en 1988 - n'est qu'une forme pseudoscientifique de plus du créationnisme, où ici les petits hommes verts remplacent un grand barbu céleste en toge). Arguments connus des partisans, les fameux monuments et vestiges qui n'auraient, selon eux, pas pu être construits par des êtres humains et sont donc autant de signes du séjour des "dieux" venus d'ailleurs ici. 

Les lignes de Nazca, tellement extraterrestres... qu'on arrive parfaitement à les expliquer avec des humains (émission de La Science, CQFD ici).

Du fait évident que les extraterrestres savent ce qu'ils font puisqu'ils sont capables de traverser le milieu interstellaire sans problème, les ufologues partisans de ce qu'ils appellent l'astro-archéologie tentent depuis longtemps de trouver des corrélations validant leur thèse chérie. Et c'est ainsi que dure depuis près de soixante ans le grand marché des interprétations farfelues et orientées à base de supposées incohérences et connaissances considérées comme étant en avance sur telle ou telle culture ou époque. Les ufo-conspirationnistes trouvent de tout et surtout du n'importe quoi et les planètes du Système solaire n'y échappent pas. Entre les calendriers mayas et les croyances de Dogons d'Afrique, il y en a pour tous les goûts. Mais les cas les plus fameux sont sans conteste les deux dont je vais parler : la structure de la cité mésoaméricaine Teotihuacan et le mythe sumérien impliquant Nibiru. 

Dans le premier des deux cas, la cité mexicaine qui excite bien des curiosités de la part des vrais archéologues, tout part des écrits de chercheurs alternatifs dès les années 1970, parmi lesquels nul autre que l'auteur de Chariots of the Gods ? (on a la classe ou on ne l'a pas). Pour eux, la disposition des différents monuments et pyramides du site est calquée sur le Système solaire, chaque grand bâtiment représentant une planète. Une petite pyramide sur l'extérieur de la cité est donc considérée par les ufo-archéologues comme étant Pluton. Mais puisque Pluton n'a été découverte qu'en 1930 (le 18 février pour être précis), comment est-ce possible ? La réponse est donc pour nos dissidents préférés évidente : puisque l'astre est invisible à l'œil nu et que les bâtisseurs de la cité n'ont forcément pas pu la voir avec les instruments dont ils disposaient, c'est nécessairement que cette connaissance de l'existence de ce qui était alors la neuvième planète ne peut venir que d'êtres supérieurs qui ont enseigné à ces amérindiens la vraie composition du Système solaire. Argument qualifié de décisif, le nom même de la cité (du moins celui qu'on lui connait aujourd'hui) signifie en langue aztèque "Là où les dieux sont nés" ou "Là où les dieux se réunissent".  Le concept est parlant et très facile à comprendre et va participer à propulser le néo-évhémérisme comme mouvement ésotérique important des années 1970 et jusqu'à aujourd'hui. 

Sujet évoqué, évidemment, dans Alien Theory.

De l'autre coté, on a donc l'autre classique de la contre-culture ufo-conspirationniste, à savoir La douzième planète de l'auteur Zecharia Sitchin (qui n'était ni archéologue ni scientifique contrairement à ce que ses partisans affirment). Reprenant peu ou prou le canevas des histoires d'Erich von Daniken, Sitchin y ajoute toute une mythologie parallèle en réinterprétant les légendes de la civilisation sumérienne. Pour résumer, il imagine qu'un récit des origines qui raconte des batailles entre dieux et la création de l'Homme est à prendre littéralement, les dieux en question étant la symbolisation des planètes et la création de notre espèce se faisant par le biais de manipulations génétiques menées par des êtres venus d'ailleurs, les Annunaki. Une preuve de ce qu'il avance est pour lui la présence d'un petit sceau sur lequel figure une représentation du Système solaire avec douze astres (qu'il dénomme "planètes"). Il en tire des conclusions bien pétées sur l'histoire du Système solaire, accumulant les outrages à l'astrophysique et à la planétologie mais faisant naitre le grand mythe ufologue et apocalyptique de Nibiru (lequel ressurgit ponctuellement). Les douze planètes de Sitchin sont : 
  1. Le Soleil
  2. La Lune
  3. La Terre
  4. Mercure
  5. Vénus
  6. Mars
  7. Jupiter
  8. Saturne
  9. Uranus
  10. Neptune
  11. Pluton
  12. Nibiru
Comme dans le cas précédent de Teotihuacan, les Sumériens de cette lointaine Antiquité observaient le ciel à l'œil nu et ignoraient donc totalement l'existence des trois dernières planètes que sont Uranus, Neptune et Pluton (qui ne seront découvertes par les humains que plusieurs millénaires plus tard). Cela implique que ce sont des êtres venus d'ailleurs qui les ont informés de leur présence dans le ciel. Il est à noter que Sitchin va plus loin et intègre même des théories répandues (mais déjà controversées parmi les astronomes) de l'époque dans son récit. C'est ainsi que pour lui, Pluton, qui en ce temps-là s'appelait Gaga, aurait été à l'origine un satellite de Saturne exfiltré de l'orbite de la géante aux anneaux par un passage de Nibiru (laquelle est censée revenir dans le Système solaire tous les 3600 ans). Rien que ça. Comme on l'a souligné précédemment cette idée ne sort pas de nulle part et a trainé dans les livres d'astronomie pendant plusieurs décennies donc il n'est pas totalement étonnant que l'auteur tente de s'y accrocher pour faire tenir son mythe debout.

Que ce soit Teotihuacan ou les Sumériens, les arguments sont simples et clairs, ils semblent frappés au coin du bon sens et légitimement poser des questions, essentiellement, il est vrai, pour ceux qui connaissent peu l'astronomie et les sciences planétaires. En partie grâce à Pluton. Mais les choses vont changer sur le plan scientifique et les conspirationnistes vont devoir revoir leur copie s'ils veulent garder un semblant de crédibilité.

Illustration du Système solaire primitif sumérien tel qu'imaginé par Sitchin dans les années 1970.


La révolution plutonienne

Toutes les bizarreries que nous avons évoqué de Pluton au début de cet article et qui rendaient cet astre unique comme planète vont trouver pendant ce temps-là peu à peu des réponses. En effet, en 1978, on découvre Charon, le satellite de Pluton, qui va permettre de se faire (enfin, pourrait-on dire) une idée précise de la taille et de la masse de la neuvième planète. Au final, Pluton ne fait qu'environ 2400 kilomètres de diamètre et représente 1/500e de masse terrestre. Autant dire que ce n'est vraiment pas grand-chose, Pluton étant un tiers moins grande que la Lune (sur laquelle douze hommes ont marché, hein, rappelons-le même si c'est une évidence) et vingt fois moins massive que Mercure. D'autre part, la découverte du satellite enterre définitivement l'éventualité que Pluton puisse être un ancien satellite de Neptune (ou de Saturne) car le scénario devient bien trop incohérent et extrêmement improbable pour fonctionner un minimum. 

Enfin, à partir de 1992 la découverte des objets transneptuniens va lever le voile sur les origines de Pluton, notre astre se révélant en fin de compte appartenir à une grande famille de petits corps. Si les premiers identifiés furent des petits mondes qui ne ressemblaient que vaguement à Pluton, on en vint vite à observer des petits mondes de plus en plus gros au début des années 2000, à savoir Ixion, Varuna, Quaoar, Orcus, Sedna, Hauméa, Makémaké... et surtout Éris, qui fait véritablement figure de jumelle de Pluton sur quasiment tous les plans. Je ne vais pas redévelopper cette histoire puisque je l'ai déjà fait il y a longtemps  mais on peut rappeler que cela simplifia le problème des planètes autant que ça l'envenima puisque désormais il allait falloir prendre une décision.
  • Si on garde Pluton comme planète, alors Éris doit être considérée comme la dixième planète.
  • Si on ne considère pas Éris comme une planète, alors Pluton ne peut pas en être une non plus.
Et donc le 24 août 2006 : 


Depuis lors, le Système solaire ne compte plus que huit planètes et les délires ufo-révisionnistes en prennent un sacré coup sur la considération de ce qu'ils prétendent avoir été les connaissances des anciennes civilisations. Du moins, c'est ce qu'il se passerait sur les conspirationnistes avaient le sens de la cohérence et de la remise en question.


Quand le néo-évhémérisme s'enfonce dans la croyance déconnectée du réel

Du fait de toute l'évolution autour de Pluton ces dernières décennies, une question fondamentale vient à l'esprit quand on nous explique que les extraterrestres ont transmis leurs connaissances de l'univers à d'anciens peuples : pourquoi Pluton serait-elle là dans des figures antiques ? Partant du constat que Pluton n'est qu'un objet - certes le plus gros et particulièrement intéressant - parmi tant d'autres, pourquoi des êtres supérieurs venus d'ailleurs, qui étaient censés connaitre le ciel comme leur poche, auraient-ils accordé de l'importance à Pluton ? Pourquoi pas à Éris aussi, pourtant un quart plus massive ? Pourquoi pas aux autres objets les plus balèzes de la ceinture de Kuiper ?

Certains tentent évidemment de se raccrocher aux dernières estimations de taille de Pluton et d'Éris : la première faisant 2370 kilomètres de diamètre contre 2326 pour la seconde. Mais l'argument ne fonctionne pas puisque ça ne se joue que sur une différence infime et surtout, comme je l'ai dit, Éris reste nettement plus massive que Pluton. D'autres profitent du débat de quelques irréductibles astronomes américains sur le statut de Pluton pour tenter de se greffer à la question sans comprendre l'enjeu (planète ou pas, ça ne change rien, si on prend Pluton il faut aussi prendre les autres donc les aliens auraient dû le faire aussi). Une partie ont joué les petits malins en affirmant qu'il y a plus de pyramides à Teotihuacan. Et effectivement, c'est vrai, il n'y a pas que neuf pyramides ou bâtiments majeurs, il y a en davantage. Seulement on retombe sur le même problème : comment décider quel astre aurait droit à sa pyramide à partir des connaissances de supposés extraterrestres ? D'ailleurs, concernant lesdits extraterrestres, cela pose également question : s'ils sont tellement avancés, on imagine bien qu'ils avaient une connaissance du Système solaire largement supérieure à la nôtre d'aujourd'hui donc ils ont dû détecter en arrivant DES TAS de planètes naines du gabarit de Pluton (voire plus grandes encore) en arrivant. Bref, il est étonnant que partout où les extraterrestres seraient supposément passés, ils n'aient transmis aux humains que des informations sur l'univers qui relèvent de ce qu'on trouvait dans les livres pour enfants et de ce qui s'enseignait à l'école primaire dans la seconde moitié du XXe siècle. 

Il est important de noter également que dans le cas des Sumériens, aucun autre texte ne parle d'autant de planètes que l'affirme Sitchin. Ce qui est étrange pour des êtres aussi avancés et une connaissance qui est supposée avoir duré des millénaires avant de se perdre. 

Mais derrière tout cela, et c'est bien plus intéressant, il y a le fait que la théorie des Anciens Astronautes ne parlent pas tant des extraterrestres que des hommes qui les imaginent. Les arguments qui semblaient fonctionner au début sur Pluton et qui ont créé le doute dans l'esprit de tant de monde sont à remettre dans le contexte de l'époque, lorsque Pluton était un objet unique et anormal. De ce fait, cela dit bien plus de choses des individus des années 1970 que des extraterrestres ultra-supérieurs qui sont censés être venus il y a plusieurs millénaires. 

Idem pour toutes les supputations astronomiques liées au néo-évhémérisme, la plus fameuse étant celle relative aux Dogons du Mali. Des êtres venus d'ailleurs leur auraient notamment enseigné que : 
  • Jupiter a quatre grandes lunes.
  • Saturne a des anneaux.
  • L'étoile Sirius possède deux compagnons.
Tout cela sème le trouble quand on ne connait rien à l'astronomie et qu'on a envie de rêver, et est fort logiquement abondamment repris à l'infini sur le net dans la littérature ufologique et les vidéos sur le sujet. Mais ça ne fonctionne pas : Jupiter a bien plus que quatre satellites, Saturne n'est pas la seule à avoir des anneaux et Sirius ne possède qu'une seule autre étoile. De plus, et c'est rédhibitoire, en dehors des ouvrages ésotériques et ufologiques, jamais aucune expédition ethnographique sur le terrain n'a trouvé de preuve de l'existence même de ce savoir des Dogons. Par contre, comme par hasard, ces connaissances-là existaient déjà en Europe bien avant que des occidentaux n'entrent en contact avec ce peuple d'Afrique de l'Ouest. Le plus probable est largement une contamination culturelle lors des premiers contacts et l'appât du gain de quelques auteurs trop portés sur les pseudo-mystères qui ont repris et déformé les faits. 

Sitchin + Pluton = COMBO !!


Conclusion

Le problème majeur des théories conspirationnistes comme celle-ci est leur manque de recul vis-à-vis des faits et de la méthode scientifiques pour établir ces derniers. Aveuglés par l'intérêt d'un argument, les conspirationnistes ont tendance à ne pas remettre les choses en place sur le plan historique et scientifique, souvent involontairement (la plupart des conspis sont des gens de bonne foi) et parfois volontairement (ceux-là déblatèrent des fadaises parce qu'ils savent que leur auditoire n'ira pas chercher la contradiction a une information qui va dans le sens de leurs croyances). Un argument qui pouvait sembler marcher en 1970 peut ne plus être du tout d'actualité cinquante ans plus tard parce que cela est devenu un non-sens conceptuel total. Comme on l'a démontré, c'est le cas pour Pluton, c'est le cas pour les connaissances des Dogons, etc. Bref, pour avancer, il faudrait que les conspirationnistes appliquent une démarche scientifique et non dogmatique à ce qu'ils affirment.

Encore que, les plus habiles des complotistes savent très bien changer leur fusil d'épaule et comme, du coup, la place de neuvième planète est à prendre dans la mythologie astro-archéologique depuis le reclassement de Pluton, on ne s'étonnera pas de voir la Planète Neuf ou un très gros objet transneptunien (l'un et l'autre étant prévus sur le principe par la théorie scientifique dominante de formation du Système solaire et de la ceinture de Kuiper) être mis dans le plan de Teotihuacan...


Mais on reconnaitra malgré tout ceci : la théorie des Anciens Astronautes reste infiniment moins stupide que celle qui veut qu'aucun homme n'ait marché sur la Lune. 




Post-scriptum : il est important, quitte à enfoncer une porte ouverte, de redire qu'il faut séparer OVNI et extraterrestres. En général, les croyants des OVNI - et les gens en général - ont tendance à prendre la probabilité assez élevée de l'existence de vie(s) ailleurs comme une preuve que les aliens visitent la Terre et a hurler à l'hérésie quand on dit que les histoires d'aliens sont foireuses, en mélangeant tout au passage pour défendre leur point de vue. Sauf que nier l'implication extraterrestre dans le phénomène OVNI n'est en rien nier l'existence même des extraterrestres, ce sont deux problèmes différents. La probabilité que la vie soit présente ailleurs est extrêmement forte et personne ne le conteste (hormis quelques scientifiques au discours d'ailleurs intéressants, comme Jean-Pierre Bibring pour n'en citer qu'un). Le souci se corse quand on parle du fait qu'ils viennent ici. Grosse nuance. Mais ne pas avoir de preuves de l'origine extraterrestres des objets volants non identifiés n'est en rien une preuve que les extraterrestres n'existent pas. C'est aussi simple que ça et c'est tout ce qu'on dit. Il y a de plus une forme d'impatience chez les conspirationnistes, qui brandissent justement les probabilités comme un élément décisif qui a valeur à lui seul de preuve. Or, non. Bien évidemment. Une probabilité n'est qu'une donnée statistique mais ça ne prouve rien du tout. Tout au plus, ça donne un cap sur comment chercher car c'est plus facile d'être motivé quand les probabilités sont très fortes que si elles étaient très faibles. Et justement, il ne faut pas oublier que ces probabilités n'ont de valeur qu'à un instant T de NOTRE connaissance actuelle de l'univers et de la biologie. Dans les décennies précédentes, l'éventualité d'une vie ailleurs était tantôt bien moindre tantôt bien plus forte (au point que la question n'était pas de savoir s'il y avait de la vie sur Mars et Vénus mais ce à quoi elle ressemblait, tant il était évident qu'on allait en trouver) et nul ne peut savoir si la quasi-certitude statistique d'aujourd'hui la sera encore demain. 

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