La vie sur Vénus serait impossible

Près d'un an après l'emballement médiatique mondial autour d'une (controversée) détection de phosphine dans l'atmosphère de la planète Vénus, une nouvelle étude est venue ces jours-ci refroidir les ardeurs des partisans de l'existence d'une vie potentielle dans l'atmosphère de notre voisine. 

♫ Comme les rois mages, en Galilée, suivaient des yeux l'étoile du berger... ♫

En effet, des travaux récents menés par des scientifiques de la Queen's University en Irlande tendent à montrer que la concentration en eau dans les nuages vénusiens serait bien trop insuffisante - cent fois trop faible - pour permettre à une quelconque forme de vie de s'y maintenir.
 
Pour arriver à déterminer cela, les chercheurs ont mesuré l'activité des molécules d'eau dans l'atmosphère de Vénus sur une échelle allant de 0 à 1. 0 représente la sécheresse la plus totale et 1 est l'activité normale de l'eau quand elle est liquide. Dans la couche nuageuse de la planète, l'activité de l'eau s'avère être de 0,004. Or, il se trouve que celle nécessaire pour que la vie s'épanouisse est de l'ordre de 0,585. On est donc très loin du compte pour penser que des organismes puissent exister dans les nuages de l'étoile du berger. 

On le sait, des bactéries peuvent survivre dans des gouttes d'eau au sein des nuages si les conditions le permettent. Mais il semble que dans le cas de Vénus ce soit loin d'être le cas. 

D'après les auteurs de l'étude, si le taux d'activité de l'eau vénusienne est si drastiquement bas c'est que cela est probablement aggravé par la présence d'acide sulfurique dans l'atmosphère de l'astre. 

Nouvelle douche froide donc pour la quête déjà ancienne d'une vie sur Vénus. Du moins, en ce qui concerne la possibilité de l'existence d'une forme de vie comparable aux extrêmophiles que l'on connait sur notre bonne vieille Terre. 


Comme je le disais en introduction de cet article, l'histoire de la recherche de la vie sur Vénus avait rebondi l'année dernière avec les conclusions d'une équipe de chercheurs qui accréditait la détection de phosphine dans l'atmosphère de notre voisine. Ce gaz est le plus souvent émis sur la Terre par l'activité humaine et surtout celle de bactéries, et c'est ce qui a fait beaucoup de bruit dans les médias puisque soutenant l'idée que l'on pourrait ne pas être très loin de prouver la présence de micro-organismes dans les nuages de Vénus. Mais une grosse polémique s'est lancée dans la foulée et nombre de contre-expertises ont montré que les méthodes utilisées et le fait que l'on ne retrouve pas cette phosphine avant ou après dans les observations rendaient hautement discutable la conclusion que ce gaz est bien présent sur Vénus et, par voie de conséquence, a sérieusement mise en doute la possibilité qu'il soit un indicateur de quoi que ce soit car l'on ne peut affirmer que la phosphine existe bien dans l'atmosphère de la planète. 

La quête de vie sur Vénus est une longue histoire qui commença avec les retombées de la révolution scientifique au XVIIe siècle. Quand la Terre devint une planète comme les autres, cela relança les idées et discussions sur la pluralité des mondes, la possibilité que les autres astres soient eux aussi habités. Naturellement, on imagina donc longtemps que Vénus était un monde semblable au nôtre sur lequel la vie devait s'épanouir. Pour des savants et auteurs du XIXe siècle, Vénus devait être un endroit où régnait un climat tropical et ses continents étaient sans doute recouverts de grandes forêts similaires à celles de l'Amazonie. Plus tard, malgré le fait que l'on commença à percevoir que l'atmosphère de la planète était essentiellement composée de dioxyde de carbone, le rêve vénusien persista encore et l'on croyait encore quasiment jusqu'à l'arrivée des premières sondes que Vénus devait abriter une vie au moins végétale. 

La réalité s'avéra hélas bien différente dès le premier survol par une sonde spatiale en 1962 : la pression atmosphérique de Vénus est 90 fois plus élevée que celle de la Terre et la température à la surface de la planète atteint les 470 C°. Autant dire que la douche fut très froide et que l'espoir s'est éteint rapidement. 

La surface de Vénus telle qu'on l'imaginait encore dans un dictionnaire Larousse du début des années 1930.


Notons que bien évidemment Vénus reste malgré tout l'objet de diverses légendes pseudo-scientifiques voire conspirationnistes concernant sa potentielle vie, comme celle voulant qu'un atterrisseur Venera ait photographié des animaux : 

Un insecte vénusien ?

Un crabe sur Vénus ?

Pour l'astrophysicien Chris McKay, co-auteur de l'étude avec John Hallsworth, le regain d'intérêt de ces derniers temps pour Vénus ne changera donc rien au fait qu'aucune vie ne peut exister sur ce monde. 

En effet, depuis quelques mois on observe une véritable frénésie vénusienne dans les nouveaux projets d'exploration spatiale et plusieurs sondes russes, indiennes, américaines et même privées sont en préparation pour rejoindre l'étoile du berger au cours de cette décennie. Vénus revient de loin car elle eut un traitement similaire à celui de la Lune : d'abord explorée avec vigueur pendant une vingtaine d'années, l'intérêt pour notre voisine a totalement décru à partir des années 1980, lorsque le programme soviétique Venera s'est terminé. Il n'y a eu ensuite que la sonde Magellan de la NASA au début des années 1990 puis plus rien jusqu'à la sonde européenne Vénus Express au milieu des années 2000. Infernale et dépourvue de toute vie, Vénus semblait ne plus intéresser grand-monde et ce d'autant plus que Mars de son coté fascinait toujours autant les chercheurs et le grand public (malgré un passage à vide également de la fin des années 1970 à la fin des années 1990) puisque la question de la vie restait un minimum ouverte et que l'on gardait la perspective de futurs débarquements humains sur la planète rouge.

Maintenant c'est Vénus qui revient sur le devant de la scène et c'est tant mieux car si elle ne nous apportera probablement pas de preuves de l'existence d'une vie extraterrestre, elle nous offrira sans doute énormément d'informations sur son histoire et la façon dont un effet de serre peut transformer une planète au départ vivable en enfer. 

Et ne désespérons pas, un jour des Hommes partiront pour Vénus, que ce soit pour ne faire que passer sur la route d'autres planètes, pour avoir une station en orbite autour d'elle, pour explorer ses nuages voire, rêvons un peu, loin dans le futur, y poser le pied 😉. 

Un astronaute sur Vénus tel qu'imaginé par la BBC. Peut-être une réalité à la fin de ce siècle.


Sources : 
La rédaction avec AFP, La vie est-elle possible sur Vénus ?, article publié le 29.06.2021 sur le site ledauphine.com
Tereza Pultarova, No hope for life in Venus clouds, but maybe on Jupiter, study suggests, article publié le 28.06.2021 sur le site space.com
Nathalie Mayer, La vie n'est pas possible dans les nuages de Vénus, article publié le 01.07.2021 sur le site futura-sciences.com

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