De l'eau en abondance sur la Lune ?
La NASA avait fait du teasing il y a quelques semaines une grande annonce concernant notre satellite. Et comme prévu, cela avait trait à la présence de l'eau sur notre bonne vieille Lune.
On sait depuis longtemps maintenant qu'il y a de la glace d'eau dans les régions polaires de la Lune, à des endroits que l'on nomme "les pics de lumière éternelle", c'est-à-dire à des latitudes de l'astre où la lumière du Soleil n'atteint jamais le fond de certains cratères. Ca, c'est quelque chose dont on parle depuis la fin des années 1990, lorsque des sondes étasuniennes (Clementine en 1994 et Lunar Prospector en 1998) ont commencé à reprendre le chemin de notre satellite, plus de vingt ans après la dernière exploration effectuée par les Etats-Unis (Apollo 17 en 1972). D'autres études ultérieures réalisées notamment par la sonde indienne Chandrayaan 1 allaient également dans ce sens.
Ce que la NASA vient de nous apprendre en revanche, c'est qu'il semble que l'on puisse trouver cette eau même dans des régions de notre voisine qui sont exposées au Soleil. Ce qui aurait potentiellement, comme nous l'évoquerons plus loin, des implications intéressantes pour certains projets.
Cette découverte fut permise par un télescope infrarouge - baptisé SOFIA - utilisé en haute altitude dans la stratosphère avec un avion (un Boeing 747 SP) spécialement utilisé par cela. C'est ainsi qu'avec cet instrument, les scientifiques découvrirent la présence de molécules d'eau dans le cratère Clavius.
Le cratère Clavius se trouve proche du pôle Sud lunaire mais n'est pas non plus un pic de lumière éternelle et sa surface est exposée normalement à la lumière du jour. Ce fut, de fait, une sacrée surprise pour les savants d'y trouver des traces de l'eau.
L'origine de cette eau n'est pas encore bien tranchée. Elle peut être, comme on le pense souvent, arrivée sur la Lune avec les impacts d'astéroïdes et de comètes mais il est envisageable également qu'elle puisse être le résultat de réactions chimiques entre le vent solaire et certains éléments contenus dans le régolithe lunaire. La question de comment l'eau est arrivée là et comment elle s'est maintenue dans cet environnement promet de donner lieu à des travaux intéressants.
Ce qu'il semble est donc que l'eau sur notre satellite est bien plus répandue que ce que l'on imaginait auparavant et que cela va permettre de faciliter l'exploration.
Il est cependant important de relativiser : selon la NASA, il y aurait cent fois moins d'eau dans ce cratère qu'il n'y en a dans le désert du Sahara.
Une chose est sûre, la découverte de la présence de cette eau tombe à point nommé pour la NASA. En effet, cela implique qu'en théorie des astronautes pourraient extraire cette eau dans des régions lunaires plus proches de l'équateur que des pôles et l'utiliser pour boire, se laver et faire pousser de quoi se nourrir durant des missions de longues durées sur la Lune.
D'autres idées plus ou moins pertinentes reviennent, comme l'utilisation de l'eau lunaire pour fabriquer du carburant pour les fusées ou l'exploitation à des fins commerciales.
Cependant, ces ardeurs doivent être remises en place par la faible quantité d'eau que l'on connait par ces moyens pour le moment et par la difficulté technique à l'extraire.
La NASA prévoit de renvoyer pour la première fois depuis un demi-siècle des astronautes sur la Lune en 2024. Le programme Artémis comprend une mission par an à partir de là et l'établissement d'une petite base à partir de 2028. A l'heure actuelle, le planning du programme va jusqu'en 2030 avec la mission Artémis 9. Une présence humaine est assez peu envisageable sur la Lune une fois passée cette mission mais l'on peut espérer que les retards dans le programme martien permettront que deux ou trois missions lunaires puissent être rajoutées au programme le moment venu.
L'objectif de ce nouveau programme lunaire est d'apprendre et de maitriser les éléments (les déplacements, l'exploration, la vie sur un astre, la psychologie des hommes et femmes, etc) qui serviront plus tard aux premières missions humaines sur Mars. Le tout en en profitant pour faire une exploration de la Lune plus poussée, plus scientifique et plus conséquente que ce qui avait pu être fait avec les six missions Apollo.
Les Etats-Unis ne sont d'ailleurs pas les seuls à se lancer dans un tel projet puisque la Russie et la Chine ont des ambitions similaires pour la prochaine décennie. L'Inde suivra probablement un peu plus tard.
Cerise sur le gâteau de notre coté du monde, les partenariats internationaux devraient permettre à des astronautes européens de se rendre sur la Lune durant les missions Artémis, de même que des Japonais et des Canadiens.
- Neil Armstrong (1930-2012), Apollo 11 (juillet 1969)
- Edwin Aldrin (né en 1930), Apollo 11 (juillet 1969)
- Charles Conrad (1930-1999), Apollo 12 (novembre 1969)
- Alan Bean (1932-2018), Apollo 12 (novembre 1969)
- Alan Shepard (1923-1998), Apollo 14 (janvier-février 1971)
- Edgar Mitchell (1930-2016), Apollo 14 (janvier-février 1971)
- David Scott (né en 1932), Apollo 15 (juillet-août 1971)
- James Irwin (1930-1991), Apollo 15 (juillet-août 1971)
- John Young (1930-2018), Apollo 16 (avril 1972)
- Charles Duke (né en 1935), Apollo 16 (avril 1972)
- Eugene Cernan (1934-2017), Apollo 17 (décembre 1972)
- Harrison Schmitt (né en 1935), Apollo 17 (décembre 1972)
James Lovell et Fred Haise devaient marcher sur la Lune en 1970 au cours de la mission Apollo 13 mais ils ne le purent finalement pas en raison de l'accident. Quelques autres astronautes devaient également aller sur la Lune avec les missions Apollo 18, Apollo 19 et Apollo 20 mais elles furent malheureusement annulées en 1970. De même, une vingtaine de cosmonautes soviétiques (parmi lesquels Alexei Leonov) s'entrainèrent pour devenir des marcheurs lunaires mais hélas aucun n'eut la chance d'en devenir un en raison de l'abandon du programme lunaire de l'URSS au milieu des années 1970.
Quels seront les heureux élus qui fouleront le sol lunaire dans quelques années ? Réponse dans quelques temps.
En tous cas, on sait qu'il n'y aura, au moins au début, que trois places pour des astronautes européens. Sans doute que chacun a son trio qu'il aimerait voir marcher sur la Lune alors je vous partage le mien 😉 :
Enfin, ça, c'est dans le meilleur des cas et le changement de président aux Etats-Unis risque de bousculer pas mal de choses. En effet, l'objectif 2024 fixé par l'administration Trump tenait en grande partie au fait que cela serait tombé à la fin d'un éventuel second mandat de Donald, ce qui aurait marqué l'apothéose du slogan "Make America Great Again". Or, avec une victoire de Joe Biden, cela tombe à l'eau. Nombre de commentateurs et politiques étasuniens ont fait remarquer que la date de 2024 était trop précipitée (selon eux) et que l'objectif d'origine de viser 2028 était déjà plus raisonnable. Rappelons également que lorsque Joe Biden était vice-président de Barack Obama, ce dernier avait fait annuler le programme Constellation de George W. Bush. S'il est peu probable à l'heure actuelle (vu l'investissement financier et le contexte) que Joe Biden annule à son tour Artémis, il est cependant à craindre (ou à espérer, c'est selon) que le retour de l'Homme sur la Lune soit amené à être repoussé de quelques années.
La découverte de l'eau dans des régions exposées au Soleil permettra-t-elle à la NASA de conserver son calendrier actuel ? Nul ne le sait encore.
En tous cas, c'est une découverte semble déjà riche de promesses pour l'avenir.
Sources :
Brice Louvet, Annonce de la NASA : de l'eau découverte sur la surface ensoleillée de la Lune, article publié le 26.10.2020 sur le site sciencepost.fr
Laurent Sacco, La NASA a découvert de l'eau partout sur la Lune !, article publié le 1.11.2020 sur le site futura-sciences.fr
Marine Benoit, La NASA annonce que l'eau sur la Lune est plus abondante que prévu, mais aussi plus accessible, article publié le 26.10.2020 sur le site sciencesetavenir.fr
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