Nibiru et Planète Neuf : STOP AUX FAKE NEWS COMPLOTISTES !

Un élément récurrent de l'imaginaire conspirationniste est l'existence de la planète X, astre inconnu qui se cacherait dans les profondeurs du Système solaire. Certes l'idée n'est pas nouvelle et des dizaines de planètes hypothétiques ont été décrites par les astronomes bien avant que les conspirationnistes ne s'en emparent pour donner vie à celle qu'ils appellent Nibiru. Cependant, on lit tellement de stupidités débiles à ce sujet depuis quelques années à cause de personnes qui mélangent absolument tout et n'importe quoi entre les recherches scientifiques concernant la traque d'une nouvelle neuvième planète et les délires des conspirationnistes les plus débridés qu'il est temps de remettre toutes les choses en place. 

Il est donc l'heure pour nous de faire cesser cette confusion absurde sur laquelle jouent les conspirationnistes et leur malhonnêteté intellectuelle habituelle en séparant l'ombre dégueulasse de Nibiru de la belle quête de celle qui est pour l'instant dénommée Planète Neuf. 


Pour ne pas faire trop long, je ne vais pas exposer directement ici toutes les raisons pour lesquelles Nibiru NE PEUT PAS exister et n'est qu'un délire pseudo-scientifique débilement débile de plus qui n'a pas le moindre sens sur le plan scientifique (mais qui par contre fait partie plus ou moins intégrante de la mythologie de la "théorie" dite des Anciens Astronautes). Nous allons donc simplement nous contenter de rappeler ici pourquoi les deux objets hypothétiques que sont Nibiru et Planète Neuf n'ont strictement rien à voir et pourquoi il est urgent que les conspirationnistes ferment leur clapet puant sur la question.

Mais avant d'entrer dans le détail, rappelons simplement quelques bases astronomiques. 


Avant Nibiru et Planète Neuf, les origines de la planète X

Comme vous le savez, notre Système solaire est principalement composé d'une étoile, le Soleil, et de huit planètes qui lui gravitent autour. Les planètes sont, de la plus proche du Soleil à la plus éloignée, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune


Les planètes furent à l'origine dénommées ainsi parce qu'elles se déplacent sur le fond apparent des étoiles alors que ces dernières semblent fixes les unes par rapport aux autres dans le ciel nocturne (le mot provient du grec et signifie "vagabond", "errant", "ce qui est en mouvement"). Du fait qu'elles bougent au milieu des étoiles et sont infiniment plus proches de nous que de ces dernières, elles sont pour la plupart facilement visibles à l'œil nu et il est normal que dès les temps les plus reculés les Hommes aient remarqué leur présence dans la nuit. C'est ainsi que durant plusieurs milliers d'années, les astronomes comptaient cinq planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne). Les deux dernières planètes que sont Uranus et Neptune n'ont quant à elles été découvertes que beaucoup plus récemment, respectivement en 1781 et 1846. La huitième planète est évidemment la Terre, qui n'a commencé à être considérée comme telle qu'au XVIIe siècle lorsque le modèle géocentrique a laissé sa place à l'héliocentrisme. 

Mais au-delà de ces huit mondes qui nous sont familiers au point qu'ils font partie de la science qu'on apprend aux enfants dès le plus jeune âge au même titre que les dinosaures ou les animaux, les astronomes envisagent régulièrement depuis plus de deux siècles qu'elles pourraient ne pas être seules au sein du Système solaire et que d'autres mondes similaires inconnus attendent encore d'être découverts. C'est ainsi que de nombreuses (euphémisme) hypothèses et prédictions furent faites au fil du temps. Trois sont demeurées assez célèbres car ayant eu des implications scientifiques importantes : 
  • La planète manquante issue de la loi Titius-Bode (1766).
    La loi en question entendait trouver une relation mathématique entre les distances des différentes planètes. Dans cette logique, il semblait manquer une planète entre Mars et Jupiter pour que la suite soit complète (hormis ce trou, elle marche pour les autres planètes connues à l'époque). De prime abord, les astronomes considérèrent la chose comme un simple hasard et n'y prêtèrent pas spécialement attention. Mais la découverte d'Uranus en 1781 changea tout, car la nouvelle planète se trouve peu éloignée de la position attendue pour un astre trans-saturnien selon la loi de Titius-Bode. Les recherches s'organisèrent dès lors pour tenter de mettre à jour la planète manquante qui doit exister entre Mars et Jupiter. Après des années infructueuses, un Italien, Piazzi, découvre finalement entre les deux planètes un objet, Cérès, le 1er janvier 1801. La loi de Titius-Bode est validée par l'observation, il y a bien une nouvelle planète et tout le monde est content. Sauf que dans les années qui vont suivre trois autres petits mondes seront découverts à cet endroit. Il est alors imaginé que Cérès, Pallas, Junon et Vesta sont les fragments d'une grosse planète qui se trouvait là jadis et vérifiait la loi. Faute de mieux, puisqu'aucun nouvel objet ne sera découvert ensuite avant 1845, le Système solaire comptera donc pour une quarantaine d'années onze planètes, avant que l'avalanche de trouvailles n'amène à considérer l'existence d'une population entière de petits corps, que l'on dénomma "astéroïdes" (j'en ai parlé longuement ici il y a longtemps).
    La loi de Titius-Bode sera définitivement achevée par Neptune et les connaissances plus poussées acquises sur la ceinture d'astéroïdes (la première ne se trouve pas du tout à l'endroit prévu et la seconde ne peut pas être les restes d'une planète). 
Les petites planètes mentionnées dans un livre d'astronomie de 1844.
  • La planète Vulcain (1859).
    Après sa découverte de Neptune par les mathématiques en 1846, le français Urbain Le Verrier (1811-1877) tenta de rééditer son exploit. Il se mit alors en quête d'autres perturbations gravitationnelles dans le Système solaire qui pourraient indiquer la présence d'une planète inconnue. Ce fut sur le problème de la précession du périhélie de Mercure qu'il jeta son dévolu. En effet, le point le plus proche du Soleil d'une planète n'est pas fixe et est amené à bouger sous l'influence des autres planètes. Mais dans le cas de Mercure, les perturbations sont bien plus fortes que ce qui est attendu par les calculs. Pour Le Verrier, c'est le signe que la petite planète est gênée dans sa marche autour du Soleil par une voisine encore plus proche de l'astre du jour. Réunissant un certain nombre d'observations de phénomènes sur le Soleil, l'astronome français la nomma Vulcain et prédit qu'elle devait tourner en vingt jours à 0,1 unités astronomiques de l'étoile. Bien qu'il en fut récompensé et que quelques observateurs affirmèrent l'avoir vue, aucune confirmation n'arriva jamais et l'affinement des calculs joua chaque fois davantage en défaveur de Vulcain. Finalement, la solution fut apportée en 1916 lorsque la relativité d'Einstein permis de comprendre que les irrégularités de Mercure n'étaient pas dues à une planète perturbatrice inconnue mais à la façon dont le Soleil agit sur l'espace.


  • La planète X (1906).
    Enfin, le cas le plus connu est évidemment celui de Pluton. Après la découverte de Neptune en 1846, nombreuses furent les personnes à vouloir tenter de réitérer l'événement (en plus de Le Verrier lui-même donc). Si les premières décennies qui suivirent furent assez pauvres, il en fut autrement lorsque l'on estima que la masse de la huitième planète ne suffisait pas à expliquer complètement les perturbations gravitationnelles observées dans le mouvement d'Uranus. Le constat est donc simple : il n'y a pas une mais deux planètes perturbatrices, à savoir Neptune et une autre qui reste inconnue. Au début du XXe siècle, c'est un certain Percival Lowell (1855-1916), riche homme d'affaires américain, qui se lance dans la quête depuis son observatoire privé à Flagstaff (dans l'Arizona). Il meurt en 1916 sans avoir découvert la planète X qu'il cherchait. Après bien des péripéties sur lesquelles je ne m'étends pas ici (mais qui sont intéressantes), la recherche est reprise en 1929 par un jeune fermier et astronome amateur, Clyde Tombaugh (1906-1997), qui, après environ un an d'efforts, découvre enfin un nouvel astre pile à l'endroit indiqué par les calculs de Lowell. Ledit astre sera nommé Pluton et considéré comme la neuvième planète du Système solaire. Cependant, il apparait bien vite que Pluton ne peut pas être à l'origine de quelque perturbation que ce soit sur le mouvement d'Uranus et Tombaugh continue les recherches pendant une dizaine d'années sans jamais découvrir la fameuse planète de Lowell. Déjà attaquée dès 1931 puis 1946, il apparaitra finalement en 1993 que celle-ci n'existe tout simplement pas, les astronomes de la fin du XIXe siècle s'étant basés sur une mauvaise estimation de la masse de Neptune (quand on utilise la masse relevée par la sonde Voyager 2 en 1989, il n'y a plus de problème). Enfin, comme Cérès, Pallas, Junon et Vesta, Pluton finira, on le sait, par être rétrogradée au sein de la grande famille des objets transneptuniens à laquelle elle se révéla appartenir (ici et ). 


Ni la planète manquante, ni Vulcain, ni la planète X de Lowell n'existent mais elles permirent chacune de faire avancer la science. Comme je le disais au début de cet article, ce ne sont que trois cas parmi des dizaines et l'on peut citer des exemples qui apportèrent bien moins : la planète de Ferguson dès 1850, la piste de Flammarion en 1879, les sept planètes de William Pickering au début du XXe siècle, les trois de Thomas Jefferson Jackson See en 1909, les deux de Venkatesh Ketakar en 1911, la planète "voyou" censée avoir expulsée Pluton de l'orbite de Neptune théorisée dès les années 1930, celle des travaux de Harrington dans les années 1980, celle inventée pour expliquer l'anomalie des sondes Pioneer 10 et 11, une autre en 1999, une Super-Pluton en 2008, Tyché en 2011, etc. 

Hormis Neptune, JAMAIS aucune planète prédite par le calcul ou alléguée avoir été observée ne fut découverte. Cela étant, cela ne signifie pas qu'aucune planète inconnue ne puisse exister dans les régions lointaines du Système solaire et il reste encore possible que celles-ci nous réservent quelques belles surprises. 

Dans l'absolu avec ce petit retour historique, ça ne veut pas dire que Nibiru n'existe pas. Ca veut simplement dire que ce n'est pas parce que quelqu'un annonce avoir découvert une nouvelle planète que c'est vrai. Idem donc aussi pour Planète Neuf en l'état actuel des connaissances scientifiques. Mais comme nous le verrons, ça ne signifie pas qu'il faille dire là-dessus tout et n'importe quoi et toutes les thèses ne se valent pas.   
 
  
Nibiru et Planète Neuf, deux origines radicalement différentes

En ce qui concerne les deux planètes qui nous occupent aujourd'hui, penchons-nous sur leurs origines respectives. Et vous allez le voir, on n'est pas DU TOUT sur le même type de crédibilité et de recherche. 

La thèse de Nibiru est apparue sous la plume de Zecharia Sitchin (1920-2010) dans son livre La Douzième Planète, publié en 1976. Sitchin est un ÉCRIVAIN et non un scientifique ou un spécialiste des Sumériens (comme les conspirationnistes le prétendent souvent) et tout part d'une INTERPRÉTATION qu'il donne à certains passages de la mythologie sumérienne. Selon ses dires, les textes sumériens qui auraient été écrits vers 2100-2200 avant Jésus-Christ rapporteraient l'existence d'une mystérieuse planète supplémentaire dans le Système solaire, d'où viendraient les "dieux", les Anunnakis. Ces "dieux" auraient créé les humains pour les servir il y a quelques 450 000 ans. Sitchin ne s'arrête pas là et imagine tout un scénario de réécriture de la formation du Système solaire à l'aune de cette seule source. À l'origine, une planète nommée Tiamat aurait existé entre Mars et Jupiter. Au cours de son retour dans le Système solaire interne, un satellite de Nibiru serait entré en collision avec Tiamat. Une partie de cette dernière se serait retrouvée entre Vénus et Mars pour former la Terre et la Lune tandis que le reste serait devenu les membres de la ceinture d'astéroïdes. 

Thèse très populaire chez les conspirationnistes qui sont prêts à accepter n'importe quelle fadaise sans jamais vérifier sa pertinence, Nibiru s'est aussi retrouvée embarquée (à l'insu de Sitchin, il faut le dire) depuis les années 1990 dans les délires apocalyptiques en tous genres, les croyants expliquant sans cesse que Nibiru va revenir et provoquer des catastrophes sur la Terre comme elle est censée le faire tous les 3600 ans (la période orbitale de la planète, ce qui est déjà contredit par l'Histoire). En tout, l'apparition de Nibiru a été annoncée une quinzaine de fois sans que jamais rien ne se produise de particulier dans le ciel et sur la Terre. 

Autant le dire tout de suite, cette histoire ne repose sur strictement rien de sérieux, ce n'est que de la pseudo-science débilement débile qui joue sur l'ignorance de son lectorat et fait n'importe quoi avec la physique la plus basique. Elle est de plus en contradiction totale avec la science sumérienne elle-même (les textes astronomiques sumériens, eux, ne mentionnent que les planètes visibles à l'œil nu). J'y reviendrai dans un autre article mais sur le plan astronomique et historique, il est tout bonnement impossible que Nibiru puisse exister. 

L'orbite de Nibiru schématisée dans un très amusant documenteur.

En face, nous avons donc Planète Neuf. Alors d'où sort-elle, celle-là ? D'une énième hérésie intellectuelle de conspirationnistes qui fument la moquette plus que de raison ? Non, elle, elle sort de travaux SCIENTIFIQUES. On l'a vu précédemment, la traque de la planète X de Percival Lowell a débouché bien plus tard sur la découverte de Pluton (et par voie de conséquence de la ceinture de Kuiper). Les objets transneptuniens peuvent se regrouper en plusieurs familles et l'une d'elles est composée d'objets présentant des caractéristiques orbitales curieuses : des orbites très inclinées, très excentrées et qui semblent orientées dans le même sens. Les simulations effectuées pour comprendre cette curiosité montrent qu'il est très improbable que cela puisse être dû au hasard. Une autre explication est donc à trouver. En 2016, deux astronomes, Michael Brown et Konstantin Batyguine, font valoir que l'on peut obtenir des orbites comme ça par l'influence gravitationnelle d'une planète se trouvant un peu plus loin. 

Ici, point de scénario merdique pour débiles shootés à l'ésotérisme qui réécrivent la physique à des fins de néo-créationnisme extraterrestre pété. Les modèles montrent qu'on peut parfaitement former une planète supplémentaire de type super-Terre ou mini-Neptune dans le Système solaire avant qu'elle soit éjectée en périphérie par les géantes. Cela est de plus facilité par la découverte de nombreuses planètes de ces deux types autour d'autres étoiles (ce sont mêmes les planètes que l'on découvre le plus ces dernières années) qui montre qu'il n'y a rien d'anormal à ce que le Système solaire ait pu en avoir une voire plusieurs. On connait d'ailleurs déjà dans des systèmes extrasolaires quelques planètes qui ont les caractéristiques attendues pour cette neuvième planète et qui prouvent que le modèle tient largement la route (comme pour les Jupiter chauds, ces planètes ne peuvent pas s'être formées là où elles se trouvent dans leurs systèmes, il faut donc nécessairement qu'elles aient été expulsées des régions où elles sont nées). Contrairement à Nibiru, la planète de Brown et Batyguine s'inscrit donc sans problème dans le cadre de la physique des systèmes planétaires.


Comme vous le voyez, les deux planètes ont des origines radicalement différentes : la première est une invention d'écrivain et la seconde résulte de travaux scientifiques sérieux. 


Nibiru et Planète Neuf, deux astres complètement différents

Au-delà de ce que nous avons déjà dit, il est temps de comparer les deux corps afin de montrer au plus débile des conspirationniste qu'il ferait mieux de se renseigner avant de dire n'importe quoi en se croyant malin de prétendre qu'il savait longtemps avant ce que les scientifiques confirment.
  • Nibiru aurait peu ou prou la taille de la Terre (ou cinq fois plus grosse, parce que les conspis ne sont même pas d'accord entre eux). Planète Neuf serait quant à elle deux fois et demi plus grosse. 

  • Nibiru serait une planète tellurique. Planète Neuf serait quant à elle une planète semi-gazeuse ou une petite géante de glace.

  • Nibiru aurait une période de révolution de 3600 ans. Planète Neuf aurait quant à elle une période de révolution de 15 000 à 20 000 ans. 

  • Nibiru aurait un périhélie situé dans le Système solaire interne puisqu'elle est censée repasser près de la Terre. Planète Neuf aurait quant à elle un périhélie qui ne s'approcherait pas à moins de vingt fois la distance Soleil-Neptune. 

  • Nibiru aurait des conditions propices à la vie puisque Sitchin et ses adeptes conspirationnistes allèguent qu'elle est habitée par les Anunnakis. Planète Neuf quant à elle aurait fatalement une température de surface extrêmement basse où la vie serait impossible. 

  • Nibiru se serait formée dans les régions lointaines du Système solaire. Planète Neuf quant à elle aurait au contraire été formée dans la région des géantes avant d'en être expulsée. 

  • Nibiru serait un cas exceptionnellement exceptionnel de la physique planétaire. Planète Neuf quant à elle s'inscrit dans la logique de la physique planétaire. 

  • Nibiru n'a aucune indication scientifique indiquant seulement son existence. Planète Neuf est quant à elle soutenue par des indices indirects.
Autant dire que les éditeurs de bouquins conspirationnistes sont trop mauvais pour avoir seulement vérifié les informations. 

Réédition d'une purge.


Nibiru et Planète Neuf, deux recherches totalement différentes

Disons-le, Planète Neuf a pour elle un bon consensus scientifique, bien qu'il n'y ait pour l'instant pas de preuve observationnelle de son existence. En effet, contrairement à une Nibiru fantasmée qu'on devrait voir facilement puisqu'elle n'orbiterait pas loin, notre Planète Neuf se trouverait, elle, sur une orbite extrêmement lointaine lui faisant accomplir une révolution en près de 20 000 ans. Ce que cela veut dire, c'est qu'on peut observer des parties du ciel où elle peut se trouver pendant des années sans la voir parce que son déplacement sur le fond des étoiles est extrêmement lent. Cela n'est pas facilité par les travaux déjà effectués en analysant les impacts potentiels que la planète devrait avoir sur l'orbite de Saturne et qui montrent qu'elle ne peut pas se trouver proche de son périhélie (sa masse aurait un effet faible mais bien détectable) et qu'il est donc probable qu'elle se trouve à l'aphélie, c'est-à-dire là où elle passe le plus de temps dans sa course autour du Soleil. Les observations continuent et malgré certaines théories alternatives plus ou moins harmonieuses, Planète Neuf tient encore la corde. Avec de la patience et un peu de chance, elle pourrait être découverte dans quelques années, si elle existe bien. 

De son coté, rien ne joue en faveur de Nibiru. Comme je l'ai dit précédemment, l'existence de Nibiru repose déjà sur du grand n'importe quoi astronomique et n'est pas soutenue davantage par la civilisation sumérienne en elle-même. De fait, on connait déjà quelques petits objets qui s'éloignent du Soleil avec des orbites bien plus excentrées que celle attendue pour Nibiru et avec des période de révolution bien plus longue (mais sans briser eux les lois du mouvement des corps). Surtout, dans les régions où Nibiru devrait se trouver, on observe rien qui ressemble à ce que Sitchin et ses comparses prétendent exister. Si Nibiru existait avec la trajectoire qu'elle est censée avoir, elle aurait une influence même minime sur les autres planètes, une influence qui serait déjà perceptible pour n'importe quel astrophysicien travaillant sur le Système solaire. Sans même parler de Sitchin, si une planète aussi grosse aussi près qu'est censée l'être Nibiru existait, elle devrait avoir été découverte par les astronomes professionnels depuis longtemps. De plus, le "background" de Sitchin sur la planète ne joue clairement pas en sa faveur tant rien n'y a de sens. Une partie des conspirationnistes lui substituent cependant un audacieux scénario alternatif : pour eux, Nibiru existe bien mais n'est pas une planète du Système solaire, elle graviterait autour d'une autre étoile. Ce serait donc bien la planète d'origine des Anunnakis mais n'aurait aucun lien avec la Terre, si ce n'est que ses habitants sont venus nous rendre visite par le passé. Ca reste complètement con mais ça a au moins le mérite de laisser tranquille la physique. 

Le fameux sceau sensé représenter le Système solaire. Que ferait Pluton là ? Bonne question. 

Si même les journalistes mélangent tout, on ne s'étonne pas que les gens croient des conneries.

Pendant ce temps-là, on la cherche toujours, elle.


Conclusion

Pour conclure, il est grand temps que les conspirationnistes arrêtent de raconter n'importe quoi et de tout mélanger pour donner un semblant de crédibilité à leurs conneries débilitantes. Les conspirationnistes sont tellement persuadés d'avoir raison et d'être supérieurs au commun des mortels qu'ils ne vérifient jamais la cohérence de ce qu'ils affirment, enchaînant énormité sur énormité quand ils parlent de science (et d'histoire aussi, comme j'en ai parlé ici et ). 

Donc, au cas où ce ne serait pas assez clair : Nibiru n'existe pas et ce n'est surtout pas elle qui est recherchée par les astrophysiciens donc arrêtez de tout confondre pour convaincre un auditoire qui ne peut pas faire la différence. 

Je vais revenir dans un prochain article pour défoncer Nibiru sur tous les points que je n'ai pas mis ici (la thèse même de Sitchin est incohérente avec elle-même, c'est dire !).   

En attendant que des conspirationnistes ne viennent à nouveau me dire que je ne suis qu'un connard méprisant qui n'a pas de vie (au moins je ne la passe pas à faire croire des conneries aux gens, moi) et un mouton du gouvernement, terminons en rappelant ceci : il n'est pas impossible que des planètes inconnues existent tapies aux confins du Système solaire. Il n'est pas certain du tout que nous soyons en capacité de les découvrir avant plus ou moins longtemps mais on ne peut pas exclure complètement que des objets massifs voire très massifs attendent encore d'être découverts. Le mot de la fin, je le laisse à Camille Flammarion (1842-1925), qui écrivait déjà en 1879 : 









Sources : 

La planète X existe-t-elle ?, archive INA du 29.06.1988.
Nouvelle planète : planète X, archive INA du 08.10.1999.
Alain Doressoudiram et Emmanuel Lellouch, Aux confins du Système solaire, ed. Belin, 2009.
Zecharia Sitchin, La Douzième Planète, ed. Macro, réédition 2017.
Alain Cirou, Nibiru et l'or des Annunakis, article publié dans Fake news dans le ciel : une histoire des canulars et des complotismes, numéro hors-série de Ciel et Espace publié en 2021.
AstronoGeek, La vérité sur Nibiru, la planète X, vidéo publiée sur Youtube en 2017.
Vidgita Investigation, Nibiru et les Annunakis, vidéo publiée sur Youtube en 2014. 
Éric Laugérias, 2012, tout un monde !, ed. Michel Laffont, 2012.
Documenteur 2012, la conspiration de l'apocalypse, diffusé sur France 4 en 2009. 
Camille Flammarion, Astronomie populaire, ed. Flammarion, 1879. 
Pierre Koehler, À la conquête des planètes, ed. Albin Michel, 1971. 
Le mystère de la planète Neuf, numéro de La Méthode Scientifique (France Culture) diffusé en 2017.

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